La formation des Gardiens de la Paix
Après la réussite au concours de gardien de la paix (GPX), les lauréats intègrent une formation initiale rigoureuse qui les prépare au métier de policier.
La formation initiale : un parcours exigeant de deux ans
La formation initiale des gardiens de la paix s’étend sur environ deux ans, en alternant entre des périodes en école de police et des stages pratiques en service actif. Concrètement, elle comporte 12 mois de scolarité en école suivis de 12 mois de stage d’application sur le terrain. Durant cette formation rémunérée, vous apprendrez les bases du métier de policier tout en étant encadré par des professionnels expérimentés. Les incorporations en école ont lieu tout au long de l’année et l’hébergement est gratuit pour les élèves – seuls les repas restent à votre charge (environ 6 € par jour pour trois repas). À titre indicatif, la rémunération nette à l’entrée en école est d’environ 1 600 € par mois, hébergement fourni.
💡Conseil
Arrivez en école avec une bonne condition physique : courir 3 km en moins de 16 min, effectuer 30 pompes et quelques tractions sans pause vous évitera de subir les premiers tests sportifs et vous laissera plus d’énergie pour les cours théoriques.
Avant même le début de la formation, le lauréat du concours doit obtenir un agrément définitif (enquête de moralité favorable) et être reconnu apte médicalement pour exercer les fonctions de policier. Une fois ces formalités remplies, le nouveau élève gardien de la paix débute sa scolarité dans l’une des 11 Écoles Nationales de Police (ENP) de France. L’affectation en école dépend des places disponibles, avec une tendance à privilégier un établissement proche du domicile quand c’est possible.
Le régime est celui de l’internat, en règle générale, vous logerez sur le campus de l’école afin de vous immerger pleinement dans la vie policière (des exceptions d’externat sont parfois accordées si votre domicile est tout proche de l’école).

En école de police : discipline, théorie et pratique
La scolarité en école de police est structurée et exigeante. Les élèves doivent respecter un règlement intérieur strict (tenue réglementaire impeccable, ponctualité, discipline, respect de la hiérarchie et des camarades, etc.), sous peine de sanctions. La vie en école s’apparente à celle d’un internat avec un accent particulier mis sur l’esprit de cohésion et l’exemplarité du comportement. Par exemple, la tenue (uniforme en cours et tenue de sport lors des activités physiques) doit toujours être soignée, les téléphones portables sont interdits en cours et la ponctualité est de rigueur.
Une journée type d’un élève gardien de la paix en école de police :
- 6h30 : Réveil et petit-déjeuner au mess.
- 7h45 : Cérémonie des couleurs (lever des drapeaux) sur la place d’armes.
- 8h00 – 11h50 : Cours en salle ou entraînements pratiques.
- 12h00 – 13h20 : Pause déjeuner.
- 13h30 – 17h30 : Reprise des cours théoriques ou des séances de sport/techniques.
- Après 17h30 : Temps libre consacré aux révisions, à l’entretien de l’uniforme, aux activités sportives facultatives, etc.
- 19h00 : Dîner au réfectoire.
- 00h00 : Extinction des feux et couvre-feu à l’internat.
Cette routine peut varier selon les écoles, mais le rythme reste soutenu pendant la formation. Les matinées sont souvent dédiées aux enseignements théoriques (droit, procédures…) et les après-midis aux travaux pratiques ou à l’entraînement physique. Le programme pédagogique en école couvre un large éventail de compétences que le gardien de la paix devra maîtriser :
- Compétences relationnelles et déontologie : développement du sens du contact citoyen, du sang-froid, apprentissage du code de déontologie policière et des valeurs républicaines.
- Connaissance de l’institution policière : organisation de la Police nationale, rôles des différentes directions et services, fonctionnement de la justice, etc.
- Techniques d’intervention et sécurité : gestes techniques et professionnels en intervention (self-défense, menottages, techniques d’interpellation), entraînement au tir, secourisme opérationnel, maîtrise des équipements de sécurité…
- Droit pénal et procédures : enseignements approfondis en droit pénal, procédure pénale, droits des victimes et des suspects, afin de connaître le cadre légal d’intervention sur le bout des doigts.
- Techniques d’enquête : apprentissage des bases de l’investigation (recherche d’informations, rédaction de procédures et de rapports, techniques d’audition de témoins et de gardés à vue) ainsi qu’une sensibilisation aux nouvelles formes de délinquance (cybercriminalité, terrorisme).
- Gestion des conflits et violences urbaines : formation au maintien de l’ordre et à l’intervention en zones sensibles (gestion des foules, techniques d’observation et de renseignement, adaptation au contexte des quartiers difficiles, etc.)
💡Conseil
Constituez un groupe de révision dès la première semaine : travailler en binôme ou trinôme permet de mémoriser plus vite les procédures (mnémotechniques, quiz, mises en scène).
L’approche pédagogique est très concrète. La formation est organisée en alternance, ce qui signifie qu’aux périodes de cours en école succèdent des périodes d’application en situation réelle. Dès les premiers mois, les élèves participent à des mises en situation et des exercices simulant des cas pratiques : accidents de la route, interventions pour violences domestiques, contrôles d’identité, interventions sur des alarmes, etc.
Par exemple, l’intervention sur un accident de circulation fait partie des scénarios abordés pendant la formation. Lors de ces exercices, les futurs gardiens de la paix doivent appliquer la théorie apprise en cours – sécuriser une scène d’accident, porter assistance aux victimes, coordonner avec les secours – le tout sous le regard de formateurs qui évaluent leur réaction et leur discernement.
Un autre exemple concret : en deuxième semaine de formation, un stage de découverte en commissariat est généralement prévu. Durant ce court stage d’observation, l’élève accompagne des policiers en patrouille pour découvrir le fonctionnement d’un service actif. C’est l’occasion d’observer la réalité du terrain et de commencer à lier le contenu des cours avec la pratique. Ces allers-retours entre théorie et pratique se poursuivent tout au long de la scolarité.
Enfin, la scolarité comporte des évaluations régulières. À la fin de la grande séquence en école (dite Séquence A qui dure plusieurs mois), une évaluation globale est organisée pour mesurer les acquis techniques, juridiques et la capacité de l’élève à résoudre un cas concret. Les résultats à ces évaluations, ainsi que le comportement général de l’élève durant l’année, contribuent à établir un classement national en fin de scolarité.
⚠️ Important
Ce classement est très important car il détermine le choix du poste à la sortie : les nouveaux gardiens de la paix choisissent leur affectation en fonction de leur rang de classement, sur une liste de postes prédéfinis par l’administration. Chaque élève a donc intérêt à donner le meilleur de lui-même tout au long de la formation, autant sur le plan académique que comportemental.
Le stage d’application : immersion progressive sur le terrain
Après avoir validé la scolarité en école de police (généralement d’une durée totale d’environ 9 à 10 mois effectifs en centre de formation, répartis en plusieurs séquences), les élèves gardiens de la paix sont nommés gardien de la paix stagiaire et entament la deuxième phase de la formation initiale : le stage d’application d’un an en service actif. Ce stage d’une durée d’environ 12 mois constitue une période d’intégration progressive dans le métier, sous le statut de fonctionnaire stagiaire.
Durant le stage d’application, le jeune policier est affecté dans un service de police (commissariat, unité de terrain…) où il va mettre en pratique, au quotidien, les enseignements reçus en école. Il est généralement placé sous la tutelle d’un maître de stage (un policier expérimenté) qui l’encadre, le conseille et évalue sa progression.
Au début, le gardien de la paix stagiaire observe et assiste son tuteur dans les missions courantes : accueil du public au commissariat, patrouilles de sécurisation, interventions sur appel du 17, rédactions de procédures simples, etc. Puis au fil des mois, on lui confie des responsabilités croissantes.

Progressivement, l’élève est mis en situation d’appliquer ses connaissances en compagnie de policiers expérimentés. Par exemple, dès le début du stage, il peut être amené à partir en patrouille de nuit aux côtés de son tuteur pour intervenir sur des flagrants délits. C’est souvent un moment marquant où le jeune policier découvre la réalité du terrain en horaires décalés, confronté à des situations bien réelles (rixes nocturnes, conduites en état d’ivresse, etc.) avec l’obligation de réagir correctement en conditions stressantes.
💡Conseil
Dès le premier mois, tenez un carnet de bord : notez procédures rédigées, interventions marquantes, points à améliorer. Ce journal sera précieux pour l’entretien de titularisation et pour préparer l’examen OPJ plus tard.
Le stage d’application est également émaillé de retours en centre de formation sous forme de modules complémentaires, parfois appelés module d’adaptation au premier emploi. Par exemple, en fonction de la future affectation de chaque stagiaire, un module de quelques semaines peut être dispensé pour préparer aux spécificités du poste : sécurité publique générale, police aux frontières, préfecture de police parisienne, compagnies républicaines de sécurité (CRS), etc. L’objectif est de donner aux stagiaires les clés pour réussir leur prise de poste définitive en tenant compte des particularités locales ou fonctionnelles.
⚠️ Important
Les évaluations terrain portent autant sur le savoir-être (sang-froid, intégrité, respect de la chaîne hiérarchique) que sur le savoir-faire. Un comportement inadapté peut retarder, voire empêcher, votre titularisation.
Au terme de cette année de stage, une évaluation finale a lieu. Le gardien de la paix stagiaire doit satisfaire à plusieurs critères pour être titularisé : validation des compétences en situation, avis favorable de sa hiérarchie, et obtention du permis de conduire catégorie B (qui est obligatoire pour être titularisé policier) s’il ne l’avait pas déjà. Une fois titularisé, le gardien de la paix devient un fonctionnaire de police à part entière. Il quitte alors son statut de stagiaire pour celui de gardien de la paix titulaire et démarre réellement sa carrière opérationnelle.
La formation continue : apprendre tout au long de la carrière
La formation d’un gardien de la paix ne s’arrête pas une fois titularisé. Au contraire, la formation continue constitue un volet essentiel de la vie professionnelle dans la Police. Elle vise à permettre aux policiers de maintenir à jour leurs compétences, de s’adapter aux évolutions du métier et de se spécialiser dans certains domaines tout au long de leur carrière.
Chaque année, des sessions de formation continue sont organisées, souvent au niveau zonal ou régional, pour répondre aux besoins des services de terrain. Cela inclut par exemple des recyclages obligatoires en matière de tir (maniement des armes à feu et entraînement au tir réglementaire), des formations de mise à jour juridique (nouvelles lois, nouveaux logiciels de procédure, etc.), ou encore des formations aux techniques d’intervention évoluées.

Par ailleurs, un gardien de la paix peut, après quelques années d’expérience, choisir de se spécialiser ou de progresser dans sa carrière grâce à des formations de spécialisation. Il en existe de nombreuses, dispensées dans des centres nationaux dédiés : par exemple la formation de motocycliste (conduite rapide, escortes, etc.) au Centre National de Formation des Motocyclistes, la formation de maître-chien (unité cynophile) au Centre National de Formation des Unités Cynotechniques, la formation de moniteur de tir au Centre National de Tir, ou encore des stages avancés en techniques d’intervention et secourisme opérationnel.
Chaque spécialisation requiert de suivre un cursus complémentaire et d’obtenir une certification. Ces opportunités permettent aux gardiens de la paix d’élargir leur champ de compétences (ex: devenir formateur, négociateur, membre d’une unité spécialisée montagne ou nautique, etc.) et d’évoluer vers de nouveaux postes.
💡Conseil
Identifiez tôt le parcours de spécialisation qui vous motive ; certaines places (négociateur, police scientifique, RAID/BRI) se préparent plusieurs années à l’avance avec des pré-requis stricts.
Un aspect important de la formation continue est aussi la préparation aux concours internes et examens professionnels. Par exemple, un gardien de la paix qui souhaite devenir Officier de Police Judiciaire (OPJ) devra passer un examen spécifique après deux ans de service.
Pour cela, des cours de préparation OPJ (droit pénal approfondi, procédure pénale, cas pratiques) sont proposés en interne afin d’optimiser ses chances de réussite. De même, pour progresser en grade (brigadier, puis brigadier-chef, major) ou accéder au corps de commandement (concours interne d’officier de police), des préparations et des stages sont prévus.
⚠️ Important
Les permissions de formation ne sont pas automatiques : anticipez et déposez vos demandes dès l’ouverture des inscriptions, surtout pour les stages nationaux très demandés.
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